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Baromètre des experts-comptables : légère baisse de l'activité des TPE-PME au 2e trimestre 2024

Le baromètre « Image PME » du 2e trimestre 2024 a été publié par Le Conseil national de l'Ordre des experts-comptables (CNOEC). Il révèle la situation de l'activité économique des TPE-PME pour cette période : leur chiffre d'affaires a baissé de 1,4 % par rapport au 2e trimestre 2023, première baisse depuis le 1er trimestre 2021. Les résultats présentés ne tiennent, toutefois, pas compte de l'inflation, qui a augmenté significativement depuis fin 2021, même si elle tend à se réduire.

Source et méthodologie de l'étude - Le baromètre des experts-comptables présente les chiffres d'affaires (CA) déclarés par les TPE-PME sur leurs télédéclarations de TVA, mensuelles ou trimestrielles, et intégrés dans la base de données Statexpert, avec les autres télédéclarations fiscales et sociales réalisées par les experts-comptables pour le compte des TPE-PME.

Composition de l'échantillon analysé. Les données trimestrielles sont basées sur un échantillon d’environ 580 000 entreprises au niveau national, présentes lors d’un trimestre analysé et lors du même trimestre de l’année précédente. En sont exclues les entreprises dont le CA mensuel ou trimestriel dépasse 3 fois l'écart-type du CA mensuel ou trimestriel moyen des entreprises du même secteur d'activité ou dont le CA annuel est supérieur à 50 M€. Les évolutions sont calculées en glissement annuel (une période par rapport à la même période de l'année précédente) et corrigées des jours ouvrés (voir dépêche https://rfcomptable.grouperf.com/actu/53641.html ).

Indicateurs de mesure utilisés. Les indicateurs utilisés sont ceux qui ont été créés au 3e trimestre 2020, dans le contexte de crise sanitaire (voir dépêche https://rfcomptable.grouperf.com/actu/46485.html ) :

-l'indice de chiffre d'affaires (ICA), qui mesure l'évolution du CA moyen par entreprise entre un trimestre et le même trimestre de l'année précédente. L'ICA est affiché, dans le baromètre, en base 100 en N-1. Un ICA de 102,1 signifie donc une augmentation de 2,1 % par rapport à la même période de l'année précédente ;

-l'indice de chiffre d'affaires cumulé (ICAC), qui mesure cette évolution entre le 1er trimestre et le dernier trimestre disponible de l'année N, comparativement à la même période de l'année N-1. Dans les graphiques, l'ICAC est affiché en évolution en %.

Prise en considération des effets de base. Un effet de base peut survenir lorsque l’évolution d’une variable entre N et N-1 varie non pas en raison d’une variation du niveau de la variable entre ces 2 dates, mais principalement en raison de l’évolution antérieure (entre N-1 et N-2). À titre d'exemple, si une entreprise a subi une forte baisse d’activité entre N-1 et N-2, alors il y a plus de chance que l’évolution soit positive entre N et N-1.

Pas de prise en compte de l'inflation. Précisons, toutefois, que les résultats ne sont pas corrigés de l'inflation, qui a progressé significativement depuis la fin de l'année 2021. En effet, selon les résultats de l’INSEE, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,2 % en juin 2024 sur les 12 derniers mois. Le taux d'inflation tend donc à se réduire après les fortes hausses de 2023. Cette légère baisse s’explique par le ralentissement sur un an des prix de l’énergie (notamment des produits pétroliers), ainsi que par celui des prix de l’alimentation. Le taux d'inflation garde, par conséquent, un impact en valeur sur le CA, mais plus limité.

Légère baisse du chiffre d'affaires des TPE-PME au 2e trimestre 2024 - Au 2e trimestre 2024, l'indice de chiffre d'affaires (ICA) des 580 000 TPE-PME françaises de l'échantillon analysé est de 98,6, soit une baisse de chiffre d'affaires de 1,4 % par rapport au 2e trimestre 2023. L’indice de chiffre d’affaires cumulé (ICAC) indique une diminution de CA de 0,7 % depuis le début de l’année. Il s'agit de la première baisse d'activité depuis le 1er trimestre 2021.

Ce résultat moyen masque, néanmoins, des disparités en termes géographique et sectoriel (voir ci-après).

Au 2e trimestre 2024, les TPE-PME de l'ensemble des régions ont affiché une baisse d'activité. Ce sont les entreprises corses qui enregistrent la plus forte baisse d'activité (- 3,9 %), suivies par celles de la Réunion (- 2,5 %) et de Nouvelle-Aquitaine (- 2,5 %). Les structures d'Occitanie (- 2 %), des Pays de la Loire (- 1,7 %), de Bourgogne-Franche-Comté (- 1,6 %), du Grand Est (- 1,6 %) et de Provence-Alpes-Côte d'Azur (- 1,6 %) enregistrent des résultats inférieurs à la moyenne française (- 1,4 %). Les entreprises du Centre-Val de Loire (- 1,4 %) affichent une baisse de CA équivalente à la France dans son ensemble. Les TPE-PME des régions Île-de-France (- 1,3 %), Bretagne (- 1,2 %), Auvergne-Rhône-Alpes (- 1 %), Normandie (- 0,5 %) et Hauts-de-France (- 0,2 %) affichent, quant à elles, des baisses inférieures au niveau national.

Analyse détaillée de l'activité par secteur - Le baromètre « Image PME » du 2e trimestre 2024 a analysé l'évolution de l'activité de plusieurs secteurs, via les indices ICA et ICAC définis ci-avant.

Secteurs dont le CA a augmenté par rapport au 2e trimestre 2023 et par rapport au 1er semestre 2023. Pour les secteurs suivants, l'activité a été en hausse au 2e trimestre 2024 par rapport au 2e trimestre 2023 et au 1er semestre 2024 par rapport au 1er semestre 2023 :

-les 10 301 pharmacies de l’échantillon enregistrent un 5e trimestre consécutif de croissance : + 2,4 % en valeur au 2e trimestre 2024 par rapport au 2e trimestre 2023. Sur le 1er semestre, la hausse en cumulé atteint 4,2 %. En dépit de ces bons résultats, des motifs d’inquiétude demeurent, notamment celui de l’accélération du nombre de fermetures de pharmacies. Avec plus de 200 fermetures l'an dernier, le nombre d'officines est passé sous la barre des 20 000 en France. Pour pallier ce mouvement, une aide de l’Assurance maladie, qui ciblerait les officines qui sont seules dans leur commune et qui pourrait aller jusqu'à 20 000 € par an, est actuellement en pourparlers ;

-les 11 294 TPE-PME d’entretien et de réparation de véhicules automobiles légers de l’échantillon affichent un 11e trimestre consécutif de hausse d’activité (+ 2 % en valeur par rapport au 2e trimestre 2023) et une progression de 2,6 % en cumulé depuis le début d’année. Selon le baromètre Mobilians-Solware (éditeur de logiciels de gestion pour les professionnels de la réparation et du recyclage pour l'automobile) de janvier 2024, le CA reste porté par l’augmentation des prix liée à la hausse du coût des pièces et de la main-d’œuvre. D’après une étude publiée par l’association Sécurité et réparation automobile (SRA) en mars 2024, le coût moyen des réparations automobiles a augmenté de 7 % entre 2022 et 2023, plus précisément de 8,6 % pour les ingrédients de peinture, de 7,5 % pour les pièces de rechange et de 5,9 % pour la main-d’œuvre. Dans ce contexte, selon le rapport Altares de juillet 2024, le nombre de défaillances d’entreprises en France pour les entreprises du commerce et de la réparation de voitures a augmenté de 25,6 % au 2e trimestre 2024.

Secteurs dont le CA a baissé par rapport au 2e trimestre 2023 mais a augmenté par rapport au 1er semestre 2023. Pour les secteurs suivants, l'activité a été en baisse au 2e trimestre 2024 par rapport au 2e trimestre 2023 mais a progressé entre le 1er semestre 2024 et le 1er semestre 2023 :

-après 8 trimestres consécutifs de croissance, les 6 583 TPE-PME françaises de boulangerie-pâtisserie de l'échantillon enregistrent une baisse de CA de 1,5 % (en valeur) au 2e trimestre 2024 comparativement au 2e trimestre 2023. En cumulé depuis le début d’année, elles affichent une hausse de 1,5 %. Si le taux d’inflation tend à se réduire, les prix restent à un niveau élevé et impactent toujours le secteur, très consommateur d’énergie et de matières premières. Par ailleurs, les boulangeries-pâtisseries artisanales font face à la concurrence grandissante des boulangeries industrielles ou des grandes surfaces alimentaires, qui proposent des produits à des prix moins élevés. Cependant, l’élargissement de l’offre, notamment le développement de la restauration salée et des boissons, constitue un moteur de croissance pour toutes les structures du secteur. De plus, de nombreuses boulangeries-pâtisseries montent en gamme avec le développement de pains spéciaux ou issus de farines biologiques, à plus forte valeur ajoutée ;

-après la hausse du 1er trimestre 2024 (voir dépêche https://rfcomptable.grouperf.com/actu/53641.html ), les 14 818 entreprises de coiffure de l’échantillon voient leur activité se réduire au cours du 2e trimestre 2024 (- 2% en valeur mais avec un effet de base défavorable). En cumulé sur le 1er semestre 2024, le CA reste, toutefois, en hausse (+ 0,7 %). Le cabinet d’études Xerfi anticipe un nouveau ralentissement de l’activité des salons de coiffure sur l’ensemble de l’année. L’indicateur resterait, en effet, pénalisé par les pressions sur le pouvoir d’achat. Face à la forte inflation, certains ménages pourraient continuer de limiter ou de réduire leurs dépenses, y compris sur les prestations de coiffure, même si ces dépenses sont en partie contraintes. Cela pourrait, notamment, se traduire par un espacement des visites, un arbitrage vers des prestations moins onéreuses ou encore par le recours au « faire soi-même » ;

-les 3 032 commerces de détail de viandes et de produits à base de viande en magasin spécialisé de l’échantillon voient leur CA se réduire de 3,9 % en valeur au 2e trimestre 2024. L’effet de base jouait, néanmoins, négativement, le CA du secteur ayant augmenté de 5,5 % un an plus tôt, période de comparaison. En cumulé sur l’ensemble de l’année, le CA reste en légère hausse (+ 0,7 %). Le secteur continue d’être impacté par l’inflation avec des ménages qui réduisent leurs achats de viande. Selon une étude de l’Insee publiée le 11 juillet 2024, 12 % des Français restreindraient actuellement leurs achats de viande, poisson et autres protéines, faute de moyens. Selon les données du service statistique du ministère de l’agriculture publiées le 27 juin 2024, entre 2022 et 2023, la consommation totale de viande par habitant se serait, ainsi, repliée de 1,7 % en moyenne en France et de 5,8 % en 20 ans, signe qu’il existe aussi un mouvement plus global de recul en matière de consommation de viande, lié à des changements d’habitudes.

Secteurs dont le CA a baissé par rapport au 2e trimestre 2023 et par rapport au 1er semestre 2023. Pour les secteurs suivants, l'activité a été en baisse au 2e trimestre 2024 par rapport au 2e trimestre 2023 et au 1er semestre 2024 par rapport au 1er semestre 2023 :

-au 2e trimestre 2024, les 10 751 agences immobilières de l’échantillon enregistrent une nouvelle baisse d’activité, de 13,3 % en valeur et ce, pour le 8e trimestre consécutif. En cumulé depuis le début d’année, la baisse atteint 16,6 %. La chute des ventes de logements pèse lourdement sur le secteur immobilier. Selon la FNAIM (Fédération Nationale de l'Immobilier), en un an, le nombre de faillites d’agences immobilières a, ainsi, plus que doublé (+ 114 %). Entre mai 2023 et avril 2024, plus de 1 100 d’entre elles (1 agence sur 24) ont, en effet, mis la clé sous la porte. Le marché du crédit immobilier montre, toutefois, des signes encourageants au 2e trimestre 2024 avec des taux d’intérêt qui poursuivent leur baisse après une période difficile. Ainsi, ils atteignent en juin leur niveau le plus bas ;

-les 13 051 structures de maçonnerie et gros-œuvre de l’échantillon affichent un CA en recul de 7,1 % en valeur au 2e trimestre 2024, après la baisse de 6,5 % du 1er trimestre 2024 (voir dépêche précitée). En cumulé depuis le début d’année, la baisse atteint 6,8 %. Les entreprises du secteur subissent de plein fouet la crise du marché de la construction neuve dont elles sont intrinsèquement dépendantes. C’est, d’ailleurs, le corps de métier du bâtiment qui affiche les baisses d’activité les plus importantes ;

-pour le 3e trimestre consécutif, les 83 182 TPE-PME de la construction de l’échantillon voient leur activité se réduire de 3,9 % en valeur au 2e trimestre 2024. En cumulé depuis le début d’année, la baisse atteint 4,1 %. La crise du logement continue d’impacter le secteur avec une chute des mises en chantier dans le résidentiel neuf atteignant - 13,9 % entre les premiers quinquamestres 2023 et 2024, selon un article de Batirama publié le 10 juillet 2024. Avec un nombre de transactions dans l’ancien qui continue de se réduire, l’activité d’entretien-rénovation de logements n’est pas non plus porteuse et ce, d’autant plus que l’activité de rénovation énergétique tourne au ralenti depuis le début d’année. La dynamique reste, en revanche, bonne dans le non-résidentiel avec une croissance de l’activité de + 2,6 % au 1er trimestre 2024, selon le même article de Batirama. Autre élément positif, les prix des matériaux seraient actuellement sur une tendance baissière, même s’ils restent de 30 % à 40 % au-delà de leur niveau de 2019 ;

-les 6 393 TPE-PME du commerce de détail d’habillement en magasin spécialisé de l’échantillon enregistrent une baisse de CA de 6,4 % en valeur au 2e trimestre 2024 et de 3,3 % en cumulé depuis le début d’année. La mauvaise météo du printemps a sans aucun doute impacté négativement les ventes. La période inflationniste actuelle joue aussi contre le secteur avec des ménages qui, cette année encore, opèrent des arbitrages au détriment de l’habillement ;

-les 23 168 restaurants traditionnels de l’échantillon ont vu leur CA se réduire au 2e trimestre 2024 (- 5 %), après une légère hausse au 1er trimestre 2024 (+ 0,8 % ; voir dépêche précitée). En cumulé depuis le début d’année, la baisse atteint 2,1 %. Ce ralentissement de l’activité doit, toutefois, être analysé avec un certain recul, le CA du secteur ayant significativement augmenté au 2e trimestre 2023, période de comparaison. Selon une information Food Service Vision (leader en Europe de l’intelligence économique de la filière restauration) de juillet 2024, en dépit de la mauvaise météo du printemps, le secteur a tout de même fait preuve de résilience sur la période. Selon le même cabinet, dans la restauration indépendante, le prix des cartes aurait augmenté de 4,5 % au 2e trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente (contre 1,5 % seulement dans la restauration chaînée), ce qui a pu participer à faire croître le CA en valeur ;

-les 5 472 hôtels de l’échantillon voient leur CA se réduire de 4 % en valeur lors du 2e trimestre 2024 et de 1,5 % en cumulé depuis le début d’année. Ces chiffres sont à analyser avec précaution, l’activité ayant fortement augmenté au 2e trimestre 2023 (+ 13 %), période de comparaison. Selon un communiqué d’Atout France (Agence de développement touristique de la France) publié le 28 juin 2024, depuis le début d'année, la fréquentation touristique en France est en progression, tant pour la clientèle française (+ 4 % de nuitées du 1er janvier au 15 juin, selon Flux Vision Tourisme - solution développée par Orange permettant de convertir des informations techniques du réseau mobile Orange en indicateurs statistiques afin de connaître les comportements des visiteurs, leurs déplacements, la fréquentation des sites et des événements -) que pour les clientèles européennes et longs-courriers (+ 5 %) et ce, malgré les conditions météorologiques, particulièrement défavorables au printemps. Selon Atout France (juin 2024), qui relaie une information de STR-In Extenso (STR fournit un benchmarking de données, des analyses et des informations sur les marchés de premier choix pour le secteur hôtelier mondial), l’hôtellerie pourrait, en revanche, connaître une saison estivale en léger retrait, malgré la hausse d’activité anticipée à Paris et en Île-de-France en août avec les Jeux Olympiques.

Secteur dont le CA a augmenté par rapport au 2e trimestre 2023 mais baissé par rapport au 1er semestre 2023. Le seul secteur dont l'activité a été en hausse au 2e trimestre 2024 par rapport au 2e trimestre 2023 mais en baisse au 1er semestre 2024 par rapport au 1er semestre 2023 est celui des transports de fret de proximité. Ainsi, après 3 trimestres de baisse d’activité, les 3 313 TPE-PME de ce secteur de l'échantillon affichent une croissance de leur CA : + 2,3 % en valeur au 2e trimestre 2024. Cependant, en cumulé depuis le début d’année, elles voient leur activité reculer de 0,8 %. Malgré le contexte inflationniste tendu impactant la consommation des ménages, le volume de production marchande de transport progresse de 2 % au 1er trimestre 2024, après un trimestre de quasi-stabilité (- 0,1 %), selon la note de conjoncture du Service des données et études statistiques (SDES) de juillet 2024. Par ailleurs, le bilan trimestriel Altares de juillet 2024 indique que le nombre de défaillances d’entreprises du secteur a augmenté de 23,4 % au 2e trimestre 2024 par rapport à l’année précédente.

CNOEC, « Image PME : 2e trimestre 2024, Analyse nationale », septembre 2024